🔍 Analyse Macroéconomique : Réserves bancaires et avoirs étrangers en titres américains, deux signaux clés de la liquidité mondiale
1. Les réserves bancaires américaines continuent de s’éroder
Le premier graphique illustre l’évolution des réserves que les banques commerciales détiennent auprès de la Réserve fédérale (Reserve Balances with Federal Reserve Banks).
Ces réserves représentent la liquidité disponible dans le système bancaire américain, indispensable au financement interbancaire et à la stabilité des marchés monétaires.
Tendance actuelle :
Après un sommet à plus de 4 000 milliards de dollars en 2021, à la suite des programmes de Quantitative Easing post-Covid, le niveau des réserves est désormais retombé autour de 3 000 milliards.
Cette baisse s’explique par la politique de resserrement monétaire (QT) et la hausse prolongée des taux d’intérêt menée par la Fed.
🔹 Pourquoi c’est important :
Une baisse des réserves signifie moins de liquidité dans le système.
Cela rend le financement interbancaire plus coûteux et accroît la volatilité sur les marchés financiers.
Si la contraction se poursuit, la Fed pourrait être contrainte d’intervenir à nouveau via un QE ciblé, comme en 2019, afin de préserver la stabilité des marchés.
Conséquences pour les investisseurs :
Un environnement de liquidité restreinte tend à :
freiner la performance des actions et des cryptomonnaies, très dépendantes des flux de capitaux,
renforcer temporairement le dollar,
et redonner de l’attrait aux obligations à haut rendement et aux placements défensifs.
2. Les avoirs étrangers en titres américains chutent à leur tour
Le second graphique met en évidence la baisse rapide des titres américains détenus par des institutions et banques centrales étrangères (Securities in Custody for Foreign and International Accounts).
Observation clé :
Depuis le début de l’année 2024, ces avoirs sont passés d’environ 3 450 milliards à 3 050 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau depuis 2019.
Cette tendance traduit un désengagement progressif des investisseurs internationaux vis-à -vis de la dette américaine.
🌍 Lecture économique :
Plusieurs pays, notamment la Chine, le Japon et certains États producteurs de pétrole, réduisent leur exposition au dollar.
Ce mouvement s’inscrit dans une diversification des réserves de change, avec une montée en puissance des actifs réels (or, énergie, infrastructures) et des nouvelles monnaies de règlement au sein des BRICS.
À terme, cette évolution pourrait rendre plus difficile le financement du déficit américain, augmentant la pression sur les taux longs.
Impact sur les marchés financiers :
Moins d’acheteurs étrangers = demande plus faible pour les bons du Trésor → hausse des rendements.
Cela pèse sur les marchés obligataires et peut ralentir l’investissement global.
Parallèlement, cette dynamique soutient l’intérêt croissant pour les actifs alternatifs : or, matières premières et cryptomonnaies institutionnelles.
3. Un double signal d’alerte sur la liquidité mondiale
Ces deux indicateurs racontent la mĂŞme histoire :
➡️ La liquidité mondiale se contracte — à la fois au niveau domestique (banques américaines) et international (investisseurs étrangers).
🔻 Conséquences :
Des marchés plus nerveux, sensibles au moindre changement de ton de la Fed.
Un dollar fort à court terme, mais un risque croissant d’instabilité à moyen terme.
Et, potentiellement, la préparation d’un nouveau cycle d’assouplissement monétaire si la contraction se prolonge.
Pour les investisseurs :
Les périodes de resserrement sont souvent suivies d’un retour des politiques accommodantes, ouvrant la voie à de nouvelles phases d’expansion sur les actifs risqués.
Les opportunités futures se situeront probablement là où la liquidité reviendra en premier : obligations, métaux précieux, cryptomonnaies et infrastructures stratégiques.
En résumé :
Les derniers indicateurs publiés par la Fed révèlent un système financier mondial en manque de liquidité.
Si cette tendance se confirme, la Fed pourrait devoir ajuster sa trajectoire dès 2026, marquant le début d’un nouveau cycle monétaire où la relance de la croissance primera sur la lutte contre l’inflation.