💡 Les investisseurs s’inspirent de l’époque des “dotcoms” pour éviter les risques liés à la bulle de l’IA
Les marchés financiers sont en pleine effervescence autour de l’intelligence artificielle. Alors que les valorisations atteignent des sommets historiques, les grands investisseurs cherchent à rester exposés à la croissance de l’IA sans s’y brûler les ailes — une stratégie qui rappelle fortement les mouvements observés à la fin des années 1990 lors de la bulle Internet.
Les “Magnificent Seven” sous pression
Thomson Reuters
Wall Street's Magnificent Seven versus alternative AI themes
Les poids lourds de la tech américaine — Nvidia, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Apple et Tesla — continuent de dominer le marché. Ensemble, ils représentent désormais plus de 33 % de la capitalisation du S&P 500, un niveau record qui inquiète les gestionnaires d’actifs.
L’indice “Magnificent Seven” a bondi de plus de 140 % depuis début 2023, surperformant largement les secteurs du logiciel (+60 %) et de la robotique (+35 %) selon les données de Refinitiv.
Mais cette concentration extrême commence à alimenter les craintes d’une bulle spéculative de grande ampleur, semblable à celle des dotcoms à la veille de l’an 2000.
La stratégie “dotcom 2.0” : surfer sans se noyer
Face Ă cet emballement, plusieurs gestionnaires optent pour une diversification tactique.
Francesco Sandrini (Amundi) explique suivre une méthode déjà utilisée entre 1998 et 2000 :
“Nous identifions les opportunités de croissance que le marché n’a pas encore valorisées, dans les logiciels, la robotique ou la tech asiatique.”
Ces stratégies s’inspirent directement des hedge funds de la fin des années 1990, qui avaient évité le krach Internet en revendant à temps leurs positions surévaluées pour se repositionner sur des entreprises plus raisonnablement valorisées.
Des signes clairs d’exubérance
Le parallèle historique est frappant : les volumes d’options spéculatives explosent, les valorisations dépassent souvent 50 fois les bénéfices, et les flux vers les ETF IA atteignent des records.
Simon Edelsten (Goshawk Asset Management) met en garde :
“Les entreprises dépensent des milliers de milliards pour un marché qui n’existe pas encore. Le risque d’un fiasco est réel.”
Pour autant, il estime que la prochaine phase de l’engouement se déplacera vers les sous-traitants de l’IA : fabricants de composants, sociétés de robotique ou groupes asiatiques de semi-conducteurs.
Rotation sectorielle : les gagnants de la “ruée vers l’or”
Comme lors des bulles passées, les investisseurs misent désormais sur les “vendeurs de pelles” plutôt que sur les “chercheurs d’or”.
Ainsi :
Gudeng Precision (TaĂŻwan), fournisseur de TSMC, voit ses commandes exploser.
Les consultants en automatisation et entreprises de robotique japonaises profitent de la montée des besoins en production IA.
Certains fonds se positionnent sur l’uranium, anticipant la demande énergétique des data centers IA.
Risque de surcapacité et bulles secondaires
Plusieurs analystes alertent sur le risque d’une saturation du marché des infrastructures IA :
trop de data centers, trop de puces, et un coût énergétique exponentiel.
Arun Sai (Pictet AM) souligne :
“Dans tout nouveau paradigme technologique, il y a toujours excès avant la stabilisation. Nous voyons déjà les éléments constitutifs d’une bulle.”
Certains gestionnaires, comme Oliver Blackbourn (Janus Henderson), préfèrent couvrir leur exposition technologique avec des actifs européens ou défensifs (santé, utilities) :
“Nous sommes en 1999… jusqu’à ce que la bulle éclate.”
Les marchés en bref (24 octobre 2025)
S&P 500 : +0,58 %
Nasdaq : +0,89 %
Dow Jones : +0,31 %
Or : +0,4 % (4 142 $ l’once)
Pétrole : +0,6 % (60,9 $ le baril)
L’euphorie de l’IA continue donc d’alimenter les marchés, mais les investisseurs les plus aguerris privilégient désormais l’agilité et la diversification, conscients que la frontière entre innovation et spéculation n’a jamais été aussi mince.