🧈L’histoire de l’étalon-or : de Bretton Woods aux records actuels
1. Les origines de l’étalon-or
Depuis l’Antiquité, l’or est utilisé comme monnaie et réserve de valeur. Mais c’est au XIXᵉ siècle que naît véritablement l’« étalon-or » : un système monétaire où chaque monnaie nationale est convertible en or à un prix fixe. Ce mécanisme favorise la stabilité des changes et limite l’inflation, puisque la création monétaire est directement liée aux réserves d’or.
Après la Première Guerre mondiale, de nombreux pays abandonnent ou suspendent ce système, avant qu’il ne soit réorganisé en 1944 lors des accords de Bretton Woods. Les États-Unis, sortis grands vainqueurs de la guerre et détenteurs de plus de 70 % des réserves mondiales d’or, imposent alors un système hybride :
le dollar devient la monnaie de référence internationale, convertible en or au taux fixe de 35 $ l’once,
les autres devises se rattachent au dollar, créant un système hiérarchisé dominé par Washington.
2. De Gaulle contre l’hégémonie du dollar
Dès les années 1960, le Général Charles de Gaulle critique ce système qu’il juge « déséquilibré » et trop favorable aux États-Unis. En effet, grâce à la convertibilité du dollar en or, Washington peut financer ses déficits extérieurs en imprimant des billets, tandis que les autres nations accumulent des dollars comme réserves.
Fidèle à sa vision de l’indépendance nationale, De Gaulle décide d’agir :
Il envoie la Marine nationale chercher l’or français stocké aux États-Unis, transformant des dollars en lingots.
Il milite publiquement pour un retour à un système international où l’or, et non le dollar, redeviendrait la référence monétaire mondiale.
Cette politique contribue à fragiliser le système de Bretton Woods, qui finira par s’effondrer en 1971 lorsque le président Richard Nixon met fin à la convertibilité du dollar en or. C’est le fameux “Nixon Shock”, marquant l’avènement du système monétaire actuel, basé sur des monnaies purement fiduciaires.
3. L’or aujourd’hui : un actif refuge toujours plus précieux
Un demi-siècle après la fin de l’étalon-or, le métal jaune conserve une place unique. Il ne rapporte pas d’intérêts, mais il incarne la sécurité face aux crises, à l’inflation et aux incertitudes géopolitiques. Les banques centrales continuent d’en accumuler massivement, preuve de sa pertinence stratégique.
🧈L’or en 2025 : une envolée historique
En septembre 2025, l’or a battu un record absolu au-delà de 3 780 $ l’once, atteignant même un plus haut ajusté à l’inflation depuis 1980. Les prévisions sont encore plus spectaculaires :
Jeffrey Gundlach, célèbre gestionnaire obligataire, estime que l’or pourrait franchir les 4 000 $ avant la fin de l’année, recommandant une allocation de 25 % en or dans un portefeuille.
Deutsche Bank anticipe elle aussi un dépassement des 4 000 $ d’ici fin 2025, ce qui placerait le métal parmi les actifs les plus performants de l’année, rivalisant avec des actions stars comme Nvidia.
Les moteurs de cette hausse exceptionnelle :
Tensions géopolitiques : conflits en Europe et au Moyen-Orient, rivalités avec la Chine.
Dollar affaibli : l’indice du billet vert a perdu plus de 10 % cette année, dopant mécaniquement l’or.
Politiques monétaires : la Fed a enclenché une baisse des taux, rendant l’or plus attractif que les obligations.
Demande des banques centrales : 95 % prévoient d’augmenter leurs réserves en or en 2025, signal fort de dé-dollarisation.
🧈Ce que cela signifie pour les investisseurs
L’or confirme son rôle de valeur refuge par excellence. Dans un contexte d’instabilité économique, de taux en baisse et d’incertitude politique accrue (notamment autour de l’indépendance de la Fed), il apparaît comme une couverture indispensable.
Plusieurs stratégies sont possibles :
Achat physique (lingots, pièces, stockage sécurisé).
ETF indexés sur l’or pour plus de liquidité.
Actions de mines aurifères, offrant un effet de levier sur les cours.
✅ Conclusion
L’histoire se répète : hier, De Gaulle se battait pour garantir l’indépendance monétaire de la France en exigeant l’or réel plutôt que des promesses en papier. Aujourd’hui, face à la défiance envers le dollar, ce sont les banques centrales du monde entier qui imitent cette démarche.
Pour l’investisseur, comprendre ce cycle long et le replacer dans l’actualité est essentiel : l’or n’est pas une relique du passé, mais un actif stratégique dont la pertinence n’a jamais été aussi actuelle.